Généreuse

Je suis généreuse. Généreuse et angoissée.

Angoissée que ma générosité ne soit pas suffisante. Angoissée que ma générosité ne se voit pas assez. Qu’elle se voit trop. Qu’elle soit mal interprétée. Angoissée que mon altruisme soit pris pour de l’opportunisme. Angoissée que ma générosité ne soit qu’une posture. Une imposture. Angoissée de n’être qu’une hypocrite.

Alors j’hésite. Je temporise. Je tergiverse sur la meilleure méthode pour que ma générosité soit acclamée en douceur. Suffisamment pour ne pas rougir. Suffisamment pour m’en enorgueillir.

Mon orgueil et ma générosité sont incompatibles. La peur d’être regardée et la volonté d’être vue. Ils cherchent tour à tour la lumière et l’ombre. Je suis les deux. Prête à donner ma chemise un jour, rancunière comme teigne le lendemain. Je ne maîtrise pas mes dichotomies. Constamment tiraillée entre une chose et son contraire absolu. Je me débats plus que je ne me bats car je n’ai pas d’objectif.

'Profiter du voyage' disent-ils. Comment profiter d’un voyage dont on ne sait rien de la destination ? Comment saurais-je si j'y suis arrivée ? Je ne sais pas où je vais. Je cherche frénétiquement. Je fouille, j'explore, j'examine.

Je suis perdue. Je veux faire plaisir aux autres autant que je veux être heureuse. Je me contorsionne. Un grand écart aussi périlleux que précaire. Ça ne marche pas. Effort colossal. Echec retentissant.