Mes oreilles
- sevberaud
- 30 sept. 2020
- 2 min de lecture
Mes oreilles sont grandes ouvertes.
Désireuses. Généreuses. Altruistes. Il ne s'agit pas d'écouter les potins. Pas du tout. Mes oreilles aiment l'honnêteté et savent la reconnaitre.
Quoi que mon cerveau et mes yeux ont pu fomenter comme idée, mes oreilles ne sont pas naïves. Mes lèvres le leur diraient si elles se décidaient à l'ouvrir. Malheureusement, mes oreilles ne parviennent pas à leurs faire entendre raison. Peu importe. Puisque, mes oreilles continuent d'écouter chaque bribe de conversations intéressantes. Pas seulement les mots. Mais aussi les tons et les silences. Comme mes lèvres, beaucoup d'autres lèvres restent closes alors qu'elles ont tant à dire. Heureusement, mes oreilles savent écouter – même les lèvres closes. En particulier, ces silences embarrassants où les yeux se baissent et évitent les autres. Mes oreilles sont sensibles à toutes les mélodies. Les plus secrètes comme les plus tonitruantes. Les plus répandues comme les plus douces. Mes oreilles écoutent tous ceux qui viennent y murmurer.
Pour autant, mes oreilles n’en apprécient pas moins le silence. Ces silences qui permettent à mon cerveau de se reposer. De tenter d’ouvrir le dialogue avec mon cœur – même s'ils sont rarement d'accord. Ces silences qui pourraient donner à mes lèvres le courage de s'exprimer. Ces silences pendant lesquelles mes mains pourraient tenter de s'accrocher à quelque chose. Ces silences où mes yeux pourraient enfin cesser d'être en alerte. Mes oreilles essayent de ménager du silence pour chacun. Même quand ces silences laissent entendre des choses que mes oreilles préféreraient taire. Ces silences où mon cœur parvient à reconnaitre qu'il est idiot de se sentir seul alors que mes yeux ont vus quelque chose auquel mes mains auraient envie de s'accrocher bien que mon cerveau ait trop peur de lâcher-prise.
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