Mes pieds

Mes pieds sont étourdis.

Ce voyage ne semble pas trouver d’épilogue. Je tourne en rond.

Depuis un temps que je ne suis pas capable de comptabiliser. Je ne sais plus où je vais. Je ne sais plus quelle était la destination. Mais je veux continuer d'avancer. Je dois continuer d’avancer. Coûte que coûte.

Cette route mène forcément quelque part. Il ne peut s'agir d'un cul-de-sac. Une impression tenace de déjà-vu.

Mes yeux croient que mes pieds sont déjà passés par là. Malgré tout, rebrousser chemin serait contraire à la logique. Tout ce chemin parcouru en pure perte ?

Mes pieds ne se découragent pas. Ils comptent aveuglément sur une ligne d'arrivée.

Le voyage est épuisant. Mon souffle expire ses ultimes bouffées. Il aimerait faire une petite pause ou au moins ralentir. Mes pieds sont hagards. Ils ont exploré chaque recoin de ce trajet. Chaque direction a été considérée. C'est l'impasse.

Mes pieds essayent de garder espoir. L'immobilisme n'est pas envisageable.

Stagner et s'éteindre. Progresser et atteindre.

Il n’y a pas trente-six alternatives. L'objectif de mes pieds est unique et résolu. Ils ont profondément foi, presqu'une vocation.

Dans un effort supplémentaire, mes pieds font un pas de plus. Un pas de moins. Je me rapproche de l’objectif, d'une destination, de la fin de ce voyage.

La persévérance est le dernier recours.

Irréductiblement focalisé sur un dessein caricatural. Une ligne de conduite sans détour, sans contournement. Mes pieds n’ont aucune intention de se dérober.

Mes pieds ont déjà beaucoup appris. Repérer les écueils. Passer par-dessus les obstacles. Contourner les pièges.

Chaque épreuve une leçon. Chaque déconvenue un rite de passage.