Mon cerveau

Mon cerveau est en ébullition. Constante. Perpétuelle. À perpétuité. Il ne ménage pas ses efforts pour démêler les rouages de la réalité dans laquelle il évolue. Chaque événement est sujet à interprétation, supputations et autres extrapolations. Il ne veut rien laisser au hasard. Pas d'aléatoire. No flipping coins. Il a la volonté - farouche - de tout millimétrer, paramétrer, quadriller. Seulement, mon cerveau est fatigué. Car ses efforts sont vains. Plus il amasse des connaissances et moins la réalité fait sens.

Le flou s'installe dans mon cerveau. Enveloppé d'une brume vaporeuse. Sceptique. Il doute. Convaincu que la vie n'est en réalité qu'une vaste partie d'échec. Sous couvert de nonchalance, chacun ne fait qu'affûter ses armes. Combattif. Il se tient prêt. Même si mon cœur ne veut pas de conflit. Mon cerveau est résolu à guerroyer, s'il y est contraint. D'ailleurs, mon sang lui aussi est déterminé à en découdre même si mon souffle est court.

Mon cerveau doit se protéger car il est abreuvé de théories. Lâcher prise. Zone de confort. Vulnérabilité. Des euphémismes pour enjoliver la faiblesse ? Un endoctrinement. Un nivellement par le bas ? Les sirènes du mensonge ? La vraie liberté serait à ce prix. Mon cerveau n'a rien appris de tel. Il est confus. Mon cerveau doit rester tenace et coriace. Ne pas céder. Ce n'est ni condescendance ni arrogance mais prudence.

Puisque mes mains sont tremblantes. Alors que ma peau fleure le dénuement. Mon cerveau trépigne. Fulmine. Il est temps.